Dans un premier temps, j’expliquerai les possibilités que vous pouvez mettre en place pour améliorer la condition de vos joueurs.
Dans un deuxième temps, je donnerai mon opinion quant aux meilleures choses à faire et ses raisons.
Je ne parlerai pas de la planification de la préparation physique sur la saison. Tout simplement car je pense qu’en football amateur, il faut tout travailler en même temps, avec une filaire énergétique qui peut être mise en avant par moment. Et aussi, cela demanderait beaucoup plus de précision.
Nous n’avons pas les avantages (tous les joueurs toujours présents aux entrainements, terrains impeccables, plusieurs entraineurs dans le staff, suivi personnel de chaque joueur,….) que les grands clubs possèdent. Cela facilite leur travail semaine après semaine.
Maintenant, il n’est pas interdit – je le conseillerais même – de se faire une idée d’un cycle de 3 à 4 semaines avec des thèmes sur la préparation physique à aborder. Cependant, il faut tenir compte du fait que tout peut être réadapter en fonction de beaucoup d’imprévus.
N’hésitez pas à demander conseils, que ce soit à moi ou à d’autres personnes qualifiées pour organiser au mieux votre saison de football.
Trois types de préparation physique dans le football
- La dissociée
- L’associée
- L’intégrée
On pourrait même y ajouter la « périodisation tactique » qui est une sorte de préparation physique intégrée, mais avec ses propres fonctionnements.
La « périodisation tactique » est assez complexe à comprendre et surtout à expliquer en un article. De plus, je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en parler précisément pour le football amateur. Même si je vous encourage à vous renseigner, car vous pouvez utiliser plusieurs des principes de cette méthodologie pour améliorer vos entrainements.
1. La dissociée

Méthode d’amélioration de la préparation physique par divers exercices, sans ballon, améliorant séparément les différentes filaires énergétiques des muscles (sprint, endurance, explosivité, réactivité, résistance,…).
Elle n’est vraiment pas très motivante et demande une certaine connaissance en préparation physique pour mettre en place un planning précis de manière à observer des améliorations des différents critères de la condition physique.
2. L’associée

Exercice semblable à la « dissociée » mais avec utilisation de ballon et de phases pouvant arriver à une forme de match. Le plus souvent sous forme analytique, il est quand même possible d’y ajouter des exercices approchant légèrement le global mais en gardant cet aspect de la préparation physique où l’on travaille séparément chaque filaire.
3. L’intégrée

Exercices sous forme jouées (rondo, toro, possession à thème) où plusieurs filaires sont travaillées en même temps mais avec possibilités de mettre une priorité sur une d’entre elle.
– Si l’on souhaite améliorer la vitesse, nous viserons des exercices avec peu d’adversaire (1 vs 1, 2 vs 1) ou deux équipes mais dans de grands espaces (ex: 5 vs 5 sur 30m sur 30) avec un temps de repos 10x supérieur au temps de travail se trouvant entre 3 à 10s.
– Si l’on souhaite améliorer la force, il faut préconiser des exercices où le nombre de joueurs est élevé, comparé à la place pour jouer, avec beaucoup de contacts.
Ou alors, des exercices opposant peu de joueur (1 vs 1) mais avec un objectif précis dans lequel la force est mise en action (ex : duel de la tête avant le 1vs1).
– Et si l’on veut travailler l’endurance, il est souhaitable de mettre en place des exercices où le temps de repos est égale, voire inférieur au temps de travail (exemple 30s/30s, Rondo de 1min suivi d’un 15/15)
La V.M.A. en amateur ?
Avant de donner mon opinion, j’aimerais aborder un dernier sujet important lors de la création d’un planning en préparation physique.
C’est la V.M.A (volume maximal aérobie).
Cette V.M.A. peut améliorer l’endurance de vos joueurs. Il existe plusieurs tests faciles à mettre en place de manière à connaître le niveau de vos joueurs. De plus, cela permettra la réalisation de séances les plus précises possibles.
Dans la théorie, je trouve la V.M.A. très efficace.
Connaître sa V.M.A. et s’entrainer en fonction, est la meilleure des manières pour améliorer son endurance.
Dans la pratique, c’est différent. Je rappelle qu’on est en amateur. Et à ce niveau, il y a énormément de biais qui empêchent le fonctionnement idéal de cette pratique.
Voici une liste :
- joueurs non-présents lors de la séance prévue « V.M.A ». Ils rateront donc l’entrainement V.M.A. et auront du retard sur les autres.
- 2 entrainements/semaine de football. Avons-nous réellement suffisamment de temps pour faire du spécifique V.M.A. avec tout ce qu’il faut améliorer?
- Les paliers obtenus lors des tests sont en réalité, très peu précis.
En effet, lors des tests, il suffit que le joueur ait mal dormi, ait beaucoup travaillé, revienne de blessure, soit malade, supporte moins la température au moment du test, se soit mal alimenté, … Un même test à une semaine d’intervalle, au même joueur, peut afficher des V.M.A. différentes.
Sachant qu’un exercice visant à améliorer son endurance de cette manière nécessite de la précision pour être optimal, est-il vraiment utile de l’instaurer ? - Mauvais échauffement.
Que ce soit le test ou les exercices, améliorer sa V.M.A demande un bon échauffement avant de démarrer la séance. Souvent, on omet bien trop vite cette étape et les risques de blessures sont augmentés. - Mauvais test V.M.A.
Beaucoup d’entraineurs avec trop peu de connaissances tapent « test V.M.A. » sur Google et utilisent le premier qu’ils voient sans se renseigner d’avantage. Certains ne sont peut-être pas adaptés au football. - Et pour finir, est-ce vraiment ludique et amusant de faire pratiquer 3 séries de 7 répétitions de 15/15 alors qu’ils viennent pour jouer au football ?

Ma vision des choses sur la préparation physique au football
Il n’y a, selon moi, qu’une seule chose à mettre en place dans le football amateur. La préparation physique intégrée !
Je vais en expliquer les raisons en détails !
- Vitesse sur 10m signifie vitesse en match ?
Etre rapide sur 10m ,c’est bien. Mais à quoi cela sert de courir vite si on se place mal, si on fait de mauvais appels. C’est comparable au fait d’avoir un super pouvoir et ne pas savoir l’utiliser.
Ce genre de préparation physique permettra au joueur à apprendre à maitriser son potentiel vitesse pour le mettre au service du football !
Et s’il n’est pas rapide (car la vitesse est avant tout une histoire de gêne), il apprendra à réfléchir plus vite et grâce à sa vitesse de réaction, mieux se placer face à un joueur plus rapide que lui !
Souvent, réfléchir plus vite est plus important que courir plus vite.
- Courir longtemps versus courir intelligemment !
Je constate beaucoup de joueurs endurant vouloir aider leur équipe le mieux possible en essayant d’aller sur tous les ballons. C’est bien, c’est sympa de leur part, mais qu’apprennent-ils ? Au final, contre une équipe intelligente et un peu plus forte, ils passeront une grande partie du match à courir après la balle.
En travaillant l’endurance lors de possession, il est possible de leur apprendre à se placer et à presser intelligemment mettant leur endurance vraiment au service du collectif et ainsi être en meilleure forme lors des 10 dernières minutes du match.
- Etre fort dans les duels mais mal positionner son corps
Un joueur costaud et puissant plaît souvent aux entraineurs. Toutefois, ce qui fera de lui un joueur vraiment efficace, est apprendre à se positionner intelligemment lors de la réception de la balle pour être le plus efficace possible.
- Explosivité c’est bien, mais intercepter une balle ou éliminer un adversaire c’est mieux.
Beaucoup de joueurs rapides sont mis soit en attaque pour partir vite vers le goal adverse; soit en défense pour rattraper l’attaquant et ne pas encaisser. Mais sont-ils vraiment tous des footballeurs dans la tête ? Etre explosif sur les 2-3 premiers mètres est un avantage très important sur un adversaire. Reste à savoir quoi faire et quand pour vraiment monter d’un niveau en tant que footballeur.
Mettez un champion de sprint dans une équipe de football, il ne fera rien à part courir tout droit et ne sera pas utile à son équipe en tant que footballeur.
- Etre endurant, rapide, fort mais ne pas savoir faire de passe où il faut quand il faut, est-ce utile dans une équipe de football ?
Et qu’en est-il d’un athlète qui a tout pour lui ? Il est rapide, il est fort, il est endurant mais … C’est pas Messi qui a marqué de la tête en final de Champions League entre deux grands défenseurs centraux du championnat anglais ?
Je veux dire par là que c’est bien beau d’être un athlète, mais encore faut il savoir jouer au football. Des joueurs du style à Cristiano Ronaldo sont de magnifiques mélanges des deux (athlète et footballeur). Mais n’oublions pas les Iniesta, Messi, Xavi, Guardiola, Maradona, Mertens, Hazard, Sterling, … qui ont des avantages et des inconvénients sur le plan physique, mais à côté de cela, sont de magnifiques et talentueux joueurs de football.

Encore une fois, avoir des qualités athlétiques est un avantage considérable. Reste à entrainer en même temps son intelligence footballistique pour utiliser « ses pouvoirs de super héro » le mieux possible.
Et pour ceux qui n’ont pas autant d’avantages, autant travailler la condition physique et l’intelligence (vitesse de réaction, vision du jeu, prise de décision) simultanément !
Attention, si un joueur souhaite s’améliorer et faire du dissocié ou de l’associé en plus de ses entrainements, je le félicite ! Je le conseille même.
Mais dans le cas d’un entraineur qui met en place une planification en préparation physique, j’opterais uniquement pour l’intégrée, en essayant au mieux sur le mois de créer des séances où les filaires vitesse, explosivité, force et endurance sont prioritaires une à la fois mais avec les autres qui interviennent tout de même. Le tout en travaillant cette intelligence de jeu.
Après tout, nous les entrainons que 2 à 3 fois par semaine durant 1h15-30, utilisons ce temps le plus correctement possible !
Petit conseil supplémentaire : si vous mettez en place une séance vraiment intense par semaine, placez là plus de 48h après votre match et 72h avant le suivant !
À propos de l’auteur