Le football élite ? Pour et contre

ParTancredi Adriano

Le football élite ? Pour et contre

Ecrit par Tancredi Adriano Septembre 2022

Dans cet article, j’aimerais parler un peu de football élite, de ce qu’il y a de bien et aussi ce qu’il y a de mal. Je continuerai en parlant d’une manière d’organiser les choses à laquelle j’ai réfléchi pour améliorer le football dans nos centres de formation. Pour information, j’ai eu 2 ans d’expérience dans le football élite. C’est peu, je sais, mais ça m’a donné la possibilité d’apprendre et comprendre plusieurs choses. Une personne ayant des dizaines d’années serait plus apte que moi pour en parler, mais j’ai pris du temps pour approfondir ma réflexion et ma logique à ce sujet.


Une approche néfaste à la formation


1. Ca demande beaucoup de temps dans la semaine

Nous parlons de 3 à 4 entrainements par semaine et d’un match le week-end. Ca fait 4 à 5 jours sur 7 consacrés au football.

Et ce n’est pas être partit 1h pour le foot. Souvent, nous parlons de 2h30 à 3h dans une journée par entrainement (déplacement, vestiaire, entrainement de 1h30 ou plus, …) et de 3 à 6h d’une journée pour les matchs (arriver 1h-1h30 avant le match, déplacement long,…).

Prenons le minimum et le maximum

  • 3 entraînements qui prennent 2h30 et un match qui prends 3h -> 10h30
  • 4 entraînements qui prennent 3h et un match qui prends 6h -> 18h

Le temps consacré pour le football peut se situer entre 10h30 et 18h par semaine (tout est très individuel et peut changer en fonction de plein de choses bien sûr, mais c’est pour se faire une idée globale).


C’est une décision personnelle bien évidemment. Et bravo aux personnes qui parviennent à le faire. Mais c’est un investissement en temps et énergie énorme !

2. Trop de foot, tue le foot

Pour continuer dans ce principe de consacrer beaucoup de temps, nous pouvons parler de ce temps uniquement au football.

Je pense, et je ne suis pas le seul bien sûr, que s’entrainer, surtout très jeune, uniquement dans un seul sport est néfaste. Surtout quand il y a autant d’heure à consacrer.

Les enfants d’aujourd’hui, c’est bien connu, bougent moins. Ils font moins d’activités d’eux même, sont beaucoup plus à rester chez eux, à regarder des écrans (consoles, tablettes, …) ce qui créent des problèmes dans la composition musculaire. Faire du sport est donc génial, voir même indispensable, mais ne faire qu’un seul sport, et aussi souvent, ne l’est pas forcément.

Si jamais un enfant ne fait que du foot officiellement mais qu’à côté il fait du vélo avec ses amis, va nager, joue dans les bois, promène souvent, … il aura une croissance musculaire plus équilibrée. Ici nous sommes à une époque où les muscles sollicités sont presque seulement ceux demandés dans le sport pratiqué officiellement. Et dès l’enfance, il est fortement conseillé de pratiquer beaucoup de multisport.

Un enfant qui fait du football en amateur et qui a le temps de faire d’autres sports ou activités à côté sera, d’après moi, plus apte à progresser par la suite qu’un enfant qui fait du foot élite depuis ses 6 ans.

3. Un mental très fort trop tôt

Le foot élite demande un mental très important chez nos jeunes. C’est bien dans un sens parce que ca leur apprends à progresser à ce niveau-là. Mais trop tôt c’est très difficile. Tous ne naissent pas avec des capacités mentales, d’adaptation directement. Beaucoup l’apprennent un peu à la fois et c’est difficile quand on demande à un enfant de 8 ans d’avoir déjà les capacités psychologiques suffisamment fortes que pour accepter la compétition au sein d’une équipe, d’accepter les reproches des joueurs et des autres parents (parce que ca y va croyez-moi. Des phrases du genre « mais il est nul lui » sur un enfant de moins de 10 ans), de se dire qu’il est trop nul pour être dans un groupe, … .Un enfant veut jouer et s’amuser, et c’est trop de contraintes psychologiques trop tôt pour moi.

4. Une nécessité économique importante

Nous sommes à une époque où tout augmente. Et le foot élite peut revenir très cher.

Chacun a le droit de faire ce qu’il veut. Et autant dépenser dans du sport. Mais ce terme élite n’est pas que dans le niveau de l’enfant. Il est aussi dans les capacités des parents à payer.

Un enfant changera 2 à 3 fois de chaussure par saison. On est en 2023, les enfants veulent les mêmes chaussures que leur stars du foot préférées et c’est cher.
Ajoutez à ça l’essence des déplacements (plus important qu’en amateur), la cotisation (plus importante qu’en amateur), les buvettes, les soins médicaux en cas de blessure, … Tout revient cher !

5. Confondre potentiel et talent

C’est un des plus important.

Les recruteurs d’élite doivent dénicher les joueurs à haut potentiel. Et je suis d’accords qu’ils en trouvent souvent mais pour être vraiment honnête, c’est plus un talent à l’instant t qu’un potentiel qu’il trouve. Il est impossible à dire avant un certain âge (on parle le plus souvent de 13 ans), si un enfant sera apte au haut niveau. Avant ça, donc de U6 à U12, voir même après, ce n’est que des vendeurs de rêve.

D’ailleurs, c’est souvent les joueurs nées entre janvier et mars qui se retrouvent en élite jeunes. Ils peuvent avoir un avantage de presque un an sur un enfant née en décembre.

Le bio-banding essaye de contrer cette injustice mais c’est très difficile.

Un enfant peut tout aussi bien jouer dans l’équipe amateur à côté de chez lui jusqu’à ses 12 ans et prendre la place dans une équipe élite d’un joueur qui y est depuis ses 8 ans. La croissance, les tailles de terrain qui changent, le nombre de joueur (de 2v2 à 11v11), … tellement de choses sont variables qu’il est impossible, même avec toutes les formations du monde de savoir si tel ou tel joueur sera pro au football à l’âge adulte.

Bien-sûr, nous entrons à ce niveau dans une autres discussions qui demande si il est mieux de jouer avec des joueurs forts pour progresser. Mais là aussi, rien ne le prouve vraiment.

Nous sommes donc dans un recrutement hypocrite, ou comme je l’ai dit de vendeur de rêve, où grâce à son équipe première qui joue en D1 ou D2, on parvient à faire venir les joueurs les plus forts de leur équipe (je dis bien plus fort et non plus haut potentiel) pour renforcer ses propres équipes et montrer que l’on est meilleur. Attention, ca parait bien sûr être un reproche mais je l’ai fait aussi, et tout le monde le fait. Et c’est d’ailleurs compréhensible. Il serait impossible de rivaliser contre des équipes qui le font si une équipe ne le fait pas. Et aussi, pourquoi un enfant ne pourrait pas rejoindre une équipe élite uniquement parce que il n’y est pas depuis ses 6 ans. Sans oublier le fait que certaines équipes amateurs proposent une formations de faibles qualités (voir la suite).

Le recrutement est compréhensible. Mais je pense qu’il faut le faire différemment (voir la suite).


Une approche bénéfique de la formation


1. Les infrastructures

Peu importe notre niveau, nous apprendrons mieux à jouer au football sur un terrain de foot. Et les équipes qui ont des terrains mi-boue, mi-herbe de octobre à mars sont défavorisées dans les qualités des entrainements qu’ils peuvent proposer.

Le foot élite a bien souvent des infrastructures et du matériels de qualités qui favorisent l’apprentissage du football des enfants.

2. Des formateurs de qualité

Je vais commencer directement en disant qu’il y a tout aussi bien des formateurs talentueux en élite que en amateur. Mais il y a plus de chance qu’un formateur soit pris dans un centre de formation élite pour ses qualités que dans un centre de formation amateur où parfois on en prends pour en avoir parce que il y en a pas assez.

Les enfants auront donc plus de chance d’avoir des entrainements de qualités (même si je le reprécise, il y a des formateurs vraiment au top, même parfois mieux qu’en élite, dans les centres de formation amateurs).

3. Une belle expérience

Il y a pas à dire, l’expérience est belle. On affronte des équipes qui regroupent la plus part des meilleurs joueurs en ayant nous-même la plus part des meilleurs joueurs. Que ce soit pour les coachs ou les joueurs eux-mêmes, l’expérience est incroyable. Le jeu est rapide, fluide (ou du moins on essaye), il y a de l’intensité, … il y a même des chances de jouer contre un futur pro du football.

Un joueur peut progresser sans jamais connaitre tout ça mais le fait de le vivre aide vraiment.

Moi-même lors de mes entrainements ou matchs, je pense souvent à ce que j’ai vécu pour être efficace dans différentes situations ou dans les informations que je donne aux joueurs.

Et puis, venir au match ou aux entrainement avec les mêmes équipements que le staff ou les joueurs que l’on voit à la télévision, ça donne une certaine estime de soi, il ne faut pas se le  cacher non plus. On est fier de dire « j’ai joué là » ou « j’ai entrainé là » quand ça concerne un centre de formation élite.


Pourquoi pas améliorer notre approche


Dans ce dernier chapitre, je vais parler de ce que je pense être une des meilleures manière d’organiser les choses.

Ce n’est qu’une vision parmi tant d’autres et c’est toujours plus facile à dire qu’à faire mais je voulais tout de même transmettre ceci pour apporter une réflexion à la formation.

1. Supprimer le foot élite avant le 11v11

Il y a trop de changement entre le foot 2v2 et le foot à 11, autant internes que externes. Vu l’impossibilité de connaitre le niveau et potentiel réel d’un joueur au foot à 11, il est pour moi inutil de commencer le foot élite avant.

Et aussi, les centres de formation amateurs pourront garder leurs joueurs plus longtemps, avoir de meilleures équipes,… ce qui élèverait naturellement le niveau aussi de toutes les autres équipes.

Bien-sûr, nous pourrions dire que le problème sera que les joueurs ne seront pas prés arrivés au foot à 11, ne se connaîtront pas, n’auront pas les connaissances tactiques, … mais il y a tellement de départs et d’arrivés au sein de chaque équipe que cela ne changerait pas beaucoup.

La grande difficulté sera que le niveau U13 et U14 sera assez faible au début mais progressera mieux je pense par la suite.

3. Organiser des journées d’apprentissage en collaboration avec des clubs.

Ce principe existe déjà mais trop peu. C’est un principe d’académie en plus des entrainements dans son équipe.

Un troisième entrainement de la semaine serait organisé par les centres de formation élites pour les joueurs foot à 8 et leurs permettrait de progresser à leur rythme (pas de pression de sélection vu qu’ils joueront d’office dans leur équipe respective) tout en profitant de belles infrastructures et de coéquipiers de qualités.

Ces jours d’académie pourraient être organisés en groupe de niveau (qui peuvent varier en fonction du niveau à l’instant t de chaque joueur)


Il n’y a plus cette nécessité de vouloir gagner un match, plus cette obligation du joueur d’être mieux que ses partenaires, … chacun peut jouer avec de bons joueurs, sans la pression habituelle, le tout accompagné de formateurs de qualités.

Les joueurs peuvent donc avoir des entrainements niveau élite dans leur cursus de formation tout en restant dans leur club respectif ce qui diminue grandement les défauts du foot élite.

4. Des principes de transfert particuliers

Alors là je ne touche pas que le football élite, mais l’ensemble des équipes. Parce que supprimer le foot à 8 en élite serait avantageux mais d’autres équipes non élites en profiteraient . Je parle des centres de formation qui ont leur équipe première en D2 ou D3 amateur par exemple, qui ont une infrastructure intéressante et de qualité et pourraient prendre tous ces jeunes à leur équipe à la place des centres de formation élites.

Pour ce faire, j’ai réfléchi à deux possibilités.

  • S’entrainer proche de chez soi

Mettre un rayon de kilomètre autour de la maison et n’autoriser que les équipes dans ce rayon (avec exceptions du genre parents divorcés,  déménagement, suivre ses amis,…). Et en plus on améliore l’impact écologie, Galtier si tu nous entends.

  • Autoriser des recrues par apport aux nombres de jeunes du centre de formation en équipe première

Par joueur qui a évolué au centre de formation et qui est en équipe première, le club a le droit à 3 transferts, pour toutes ses  catégories de jeunes, hors rayon proche de chez soi à chaque saison par exemple. Il y a plein de possibilités de modification.

4. Association Elite/amateur.

Un club élite pourra s’associer avec plusieurs équipes amateurs (je parle de vraiment amateur, donc dont l’équipe première est au mieux en provinciale).

Association via une aide financière, via des évènements ( entrée pour voir des matchs, journée sportive, …), … et en contrepartie, ces centres de formation élites auraient la priorité sur les joueurs de ces équipes.


Et maintenant


Je pense avoir tout expliqué, j’espère que vous avez apprécié cette article. Je rappelle, rien est écrit en tant que seule et unique vérité des choses. Mais plutôt en apportant des informations sur ma manière de voir ce qu’il se passe. Et pour vous laisser matière à réfléchir aussi. N’hésitez pas à participer en échangeant sur vos opinions et avancer ensemble pour améliorer la formation au football.

Autres articles

Rejoignez-nous :

À propos de l’auteur

Tancredi Adriano administrator

Laisser un commentaire

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial

Rejoignez-nous sur les réseaux pour encore plus d'informations !